Les fosses Liévinoises

La Compagnie de LIÉVIN obtient au sud des concessions de COURRIÈRES, de LENS et de BÉTHUNE, une première concession de 761 hectares par décret du 15 septembre 1862. Il y aura quatre extensions officialisées par des décrets successifs de 1871 à 1899, ce qui donne à la concession une superficie totale de 4145 hectares. La partie supérieure du terrain houiller a subi des perturbations géologiques importantes. Elle est en allure renversée et ne renferme que des couches irrégulières de charbon. Le charbon, classé flénu gras, est surtout employé pour les fours continus à cuire les briques, les tuiles, les carreaux et pour les usages domestiques. La fosse est approfondie. Elle rencontre les belles couches connues à la fosse numéro 3 de LENS, et aussitôt la production s’accroît. Cette photographie nous montre la proximité du puits numéro 1 de LIÉVIN au premier plan, et du puits numéro 3 de LENS au second plan. Seulement 225 mètres les séparent.

“La fosse » : c’était l’appellation familière d’un puits.

La fosse numéro 1 de Liévin

La fosse numéro 1 ouvre le 13 décembre 1858 et ferme en 1965. L’extraction nette depuis l’origine fut de 24 989 000 tonnes.

Siège n°1 Ce siège comprenait 2 puits situés sur la commune de Liévin.

Puits n°1 : Il était à la limite de la concession de Lens. Ouvert en 1858 et mis en exploitation en 1860 pour arrêter en 1965. Profondeur du puits : 644 mètres. Diamètre : 4 mètres.

Puits n°1bis : Début en 1874

Profondeur : 784 mètres

La fosse numéro 2 de Liévin

La fosse numéro 2 ouvre en 1859 et ferme en 1883.

La fosse numéro 3 de Liévin dite Sainte Pauline

La fosse numéro 3 ouvre en 1872 et ferme en 1961. L’extraction nette depuis l’origine fut de 18 595 000 tonnes.

La fosse Saint-Amé

La fosse Saint-Amé ouvre en 1861 et ferme en 1978.

La fosse numéro 5 de Liévin

La fosse numéro 5 ouvre en 1899 et ferme en 1971. L’extraction nette depuis l’origine fut de 9 227 000 tonnes.

La fosse numéro 11 bis

La fosse numéro 11 bis ouvre le 24 mars 1908 et ferme en 1972.

La fosse numéro 16 bis

La fosse numéro 16 bis ouvre en 1911 et ferme en 1962.

Histoire Des Mines De LIEVIN

1°) Introduction

Liévin…

pour ceux qui s’en souviennent, ce nom reste synonyme de catastrophe. Mais Liévin, ce fut aussi une compagnie minière, dont les installations s’étalaient aux pieds des collines de l’Artois, dans cette plaine de Gohelle proche des Flandres. Plus d’un an après l’arrêt du dernier puits du Nord, il m’a paru souhaitable de retracer l’histoire d’une Compagnie minière typique du Nord-Pas de Calais, et dont l’épopée s’étend sur 130 années. Je dédie cet article à mon oncle Louis Racine, ancien mineur aux 4 et 7 d’Avion, dont la pudeur et le courage, dans leur simplicité quotidienne, n’en ont été que plus grands.

2°) Histoire des mines de Liévin.

Le temps des pionniers

En ce début de la deuxième moitié du XlXè siècle, un des plus beaux ensembles industriels d’Europe se met en place : le bassin minier du Pas de Calais. Courrières ouvre sa première fosse en 1849, Lens suit en 1852. En 1853, Monsieur Jean-Baptiste DEFERNEY constitue une société de recherches de la houille dans le Pas-de-Calais, et ce en association avec des industriels, banquiers… originaires de Belgique.

Le 8 septembre 1856, Mrs DEFERNEY et COURTIN fondent une nouvelle société de prospection du charbon, dite “Compagnie de Lens-Midi”, dont les recherches s’orientent au sud des concessions de Bully, Lens et Courrières. Pendant ce temps, la compagnie des mines de Lens, peu désireuse de voir des recherches s’effectuer aux limites méridionales de son périmètre d’exploitation, ouvre en 1857 deux sondages à Liévin et à Eleu dit Lauvette. Tous deux se révèlent positifs, si bien qu’en novembre 1857, Lens demande une extension de sa concession.

Après divers échecs, Mr DEFERNEY élabore un nouveau projet de recherches le 10 mars 1858, avec Mrs COURTIN, HARY, FOREST, STIEVENARD… comme asso­ciés. Aussitôt, des sondages sont entrepris à Liévin : celui du 28 mars 1858 est arrêté à 124 mètres, l’autre, commencé en juin 1858, rencontre une petite veine à 135 mètres. 3 autres sondages sont entrepris à Liévin et Avion la même année, dont deux sont positifs. La Compagnie de Lens-Midi (nom primitif de la société houillère de Liévin), arguant de ces résultats, s’oppose à la Compagnie des Mines de Lens dans l’attribution d’une future concession sous le village de Liévin et alentours. Toutes deux décident de foncer un puits dans le périmètre objet du litige, dans l’espoir de mieux asseoir leurs prétentions respectives.

La compagnie des mines de Lens commence le fonçage de son puits N° 3 à Liévin le 4 juin 1858 (fosse St-Amé), suivie le 13 décembre 1858 par la Cie de Lens-Midi (fosse N° 1). Dans ces deux puits, le terrain houiller est atteint en 1859 (à -137 m pour le 1 et à -141 m pour le 3). Seulement 225 mètres les séparent, ce qui prouve combien la lutte est âpre.

Enfin, pour compliquer le tout, la Compagnie des Mines de BETHUNE fait valoir ses droits sur le gisement litigieux, suite à un sondage qu’elle a effectué à Liévin. De con côté, la Cie d’Aix-Moulette creuse à l’ouest de Liévin une fosse dite de “Galonné”, en mai 1859. Liévin devient le centre d’une bataille juridico-industrielle ; heureusement, le décret du 15 septembre 1862 régularise la situation. la Compagnie de Lens-Midi, devenue “Société houillère de Liévin”, reçoit une concession de 761 hectares. une concession de 51 hectares est attribuée à Lens au Sud de sa concession primitive, ce qui lui permet de garder sa fosse N° 3. la compagnie d’Aix Moulette voit sa demande de concession rejetée ; elle doit suspendre toute exploitation dans sa fosse. La société houillère de Liévin, confirmée dans ses prétentions, peut alors déposer ses statuts juridiques le 1/12/1862 à l’étude de Maitre Beauvois, notaire à Valenciennes.

Il y eu quatre extensions officialisées par décrets :

2/02/1871 – 683 hectares

21/06/1877 606 hectares

24/05/1880 931 hectares

24/07/1899 1164 hectares

ce qui donne 4145 hectares au total, beaucoup moins que Lens (6031), Béthune (9570), Courrières (5459)…

Et le charbon devient roi

La fosse N° 1 commence à produire en 1860, les premiers résultats sont plutôt décevants : en effet, le premier étage est ouvert à -167 m, dans des terrains renversés. Dans ce secteur du bassin, la partie supérieure du houiller a subi des bouleversements géologiques très importants (couches à fort pendage très irrégulières, décrochements brutaux de la veine…), n en est de même à la fosse d’Aix, ouverte elle aussi en 1860 ; suite aux litiges concernant l’attribution du gisement -évoqués plus haut- l’extraction au puits d’Aix est stoppée en 1863. Le 15 février 1868, la Cie de Liévin rachète la fosse d’Aix, qui devient le puits N° 2 de Liévin, pour la somme de 238.000 F.

En 1869, après raval du puits, la fosse N° 1 pénètre dans les terrains en place : l’exploitation devient rentable, l’extraction augmente :

1860 : 4.600 tonnes

1866: 27.833 tonnes

1870 : 62.071 tonnes

Les étages -316, -329 et -425 exploitent les veines Louis, Eugène, Edouard, Auguste, Dusouich, Alfred… dont les charbons, classés flénus gras, ne vont pas tarder à faire la fortune de la Société houillère de Liévin… Les effectifs ouvriers atteignent les chiffres de 372 mineurs de fond et 153 mineurs du jour.

En 1870 éclate la guerre Franco-prussienne : l’activité de la société ne retrouve son rythme normal qu en 1871 et, aussitôt l’orage passé, le projet de fonçage d’un siège double est éla-boré : la fosse N° 3 est née. Le forage du 3 commence à Eleu dit Lauvette, localité limitrophe de Liévin, le 1er décembre 1872 ; celui du 4 (plus tard numéro 3 bis), situé à 35 mètres du 3, est entamé en octobre 1873. Les deux puits sont foncés selon le procédé Kind-Chaudron (cuvelage en anneaux de fonte), avec un diamètre de 3,65 mètres ; leur étage le plus profond est à -383 m. L’extraction par le 3 débute en 1876 ; le 4 (Sbis) sera équipé plus tard.

Entre temps, le siège 1 a été doublé avec le fonçage du puits N° 5 (plus tard 1 bis) en mai 1874, lui aussi cuvelé en anneaux de fonte.

Aussi bien sur les plans techniques que financiers, la situation de la société est très saine. Le gisement, dont l’épaisseur des veines atteint une moyenne de 1 mètre est exploité d’une manière rationnelle par de puissantes installations d’extraction ; mais celui-ci est atteint par un mal mortel : le grisou, qui, le 13 avril 1882 provoque la mort de 8 mineurs au siège 3, de même que le 14 janvier 1885, au siège 1, où 28 mineurs sont tués dans une explosion.

Le siège N° 4, situé à Avion, est attaqué le 10 novembre 1890 par le début de forage du puits N° 4, suivi en octobre 1891 par le 4 bis, situé à 40 mètres du 4. Comme pour les puits Ibis, 3 et 3 bis, les deux puits du 4 sont foncés selon la méthode Kind-Chaudron. Détail pittoresque, la première gaillette, remontée par les mineurs en janvier 1894, est promenée sur un brancard à travers les rues de la commune et le premier café où les mineurs s’arrêtent pour prendre une chope prend aussitôt l’appellation “A la 1ère gaillette”. Le premier étage de la fosse, ouvert à -265 mètres, fournit dès 1894 près de 80.000 tonnes de charbon.

En 1898, la production totale des trois sièges alors en service dépasse le million de tonnes :

Siège N° 1 397.708 tonnes

Siège N° 3 335.310 tonnes

Siège N° 4 348.000 tonnes

II faut se rappeler qu’en 1879, 285.330 tonnes avaient été extraites ; en 1894, le tonnage atteignait déjà 786.000 tonnes.

Le puits N° 2 ne figure pas sur la liste des sièges en exploitation : en effet, les travaux y ont été stoppés dès 1876 ; le puits n’était plus relié au N° 1 que par une galerie d’aérage. A l’aube du XXè siècle, des travaux sont entrepris au siège 2 pour lui permettre d’extraire de nouveau du charbon.

En 1903, 5749 mineurs de fond (sur 7006 ouvriers au total) sortent 1.524.000 tonnes de houille ; un nouveau siège, le N° 5 à Liévin. Galonné, doté de deux puits -le 5 pour l’extraction et le 5 bis pour l’aérage- forés à partir de 1899, est en cours d’édifica­tion ; les installations du siège sont grandioses : chevalet de 40 mètres de haut, cages à 3 étages (12 berlines de 500 litres), criblage -lavoir d’une capacité de 120 tonnes/heure… La fosse commence à produire en 1904. Le charbon extrait par les cinq sièges alors en service est évacué par un chemin de fer, dont les voies atteignent plus de 49 kilomètres de longueur. Le dépôt des locomotives se situe près de la fosse N° 1, de même que les ateliers centraux de la société qui occupent alors plus de 100 personnes. Le faisceau d’échange des wagons avec les chemins de fer du Nord se situe derrière la gare de Lens : on imagine aisément l’activité qui règne dans ce secteur ! Un rivage, inauguré en octobre 1886, permet l’évacuation de 1500 t/j de charbon par le canal de la Deule, creusé de Harnes à Eleu par la société houillère de Liévin.

Jusqu’en 1895, le sud de la concession était plutôt mal connu : on soupçonnait l’existence d’un gisement important, mais à trop grande profondeur pour être exploité… Une bowette fut attaquée à partir de l’étage -476 des puits N° 1 et 1 bis, direction plein sud. Quand celle-ci atteignit l’étage stérile du silurien supérieur, un bure fut foncé sur près de 100 mètres : à la base, c’est-à-dire à -550 mètres, une nouvelle bowette fut creusée, et là, les ingénieurs eurent confirmation du faible pendage des terrains -pas plus de 20 % – et de l’existence de belles veines, semblables

à celles exploitées aux fosses 1 et 3 : de nouveaux sièges d’extraction pouvaient donc être foncés à la lisière sud de la concession, et même en dehors de celle-ci : pour cela, un décret autorisa en 1899 une extension de plus de 1100 hectares de la concession primitive. C’est à Angres qu’en 1901 commencent les préparatifs de fonçage du siège N° 6 (puits 6 et 6 bis) ; pour la première fois dans la société, les deux puits sont foncés par cimentation, avec un diamètre de 5,5 mètres. Les travaux sont terminés en 1906 et le puits 6bis est ouvert à l’extraction en 1908. Les capacités de production du nouveau puits sont importantes : 600.000 tonnes par an ; la machine d’extraction électrique du 6bis, les cages largement dimensionnées qui permettent aux mineurs de descendre debout et non assis dans des berlines, l’architecture des bâtiments, l’organisation rationnelle des travaux du fond, tout cela dénote, en ce nouveau siècle, le triomphe de l’industrie minière et de la technique en général… Mais les rouages du machinisme industriel ressemblent parfois à des broyeurs d’hommes. Comme un coup de tonnerre éclate : à Liévin, la nouvelle de la catastrophe de Courrières, le 10 mars 1906.

Le 15 mars, comme dans toutes les autres compagnies minières, les mineurs de Liévin se mettent en grève : ces derniers ne veulent plus être considérés comme du “bétail” humain par le patronnât minier ; dans toute la concession, la grève -très dure-prend une allure insurrectionnelle. La troupe est envoyée pour réprimer les émeutiers ; autour de la fosse N° 3 ont lieu de sévères affrontements : charges de cavalerie, blessés de part et d’autre. Un pont est même dynamité. Le travail ne reprendra que le 4 mai, les mineurs, qui ont des familles à nourrir, y étant poussés par la faim. Suite à la catastrophe, un centre d’essais et de recherches, qui deviendra plus tard le poste central de secours, est créé à Eleu par le Comité Central des houillères.

En 1912, la société houillère de Liévin fournit 7 % du total extrait dans le bassin du Nord/Pas de Calais. Les 1.857.000 tonnes sont remontées par 9 puits d’extraction (1, Ibis, 2, 3, 3bis, 4, 4bis, 5 et 6 bis). 3 puits sont utilisés exclusivement pour l’aérage (1ter, 3ter et 5 bis) un autre puits -le 6- devant être équipé à l’extraction. De plus, un siège double -le 7 à Avion- est en cours de construction : la cimentation des terrains commence la même année. Des criblages -lavoirs, une cokerie, une centrale électrique (mise en service en 1906 à Eleu) complètent les installations.

Mais la guerre va bientôt interrompre ce développement sans failles.

De guerre en guerre

Suite aux revers des troupes françaises qui défendaient les frontières du Nord du pays, les allemands occupent Liévin et sa région les premiers jours d’octobre 1914. La ligne de front coupe la concession de la Société houillère en deux : à l’ouest, les troupes franco-britanniques ont en leur possession les puits 2, 5 et 5bis ; les allemands détiennent tous les autres puits. Ces derniers coupent dès leur arrivée les câbles des puits 1 et Ibis, pour empêcher d’hypothétiques infiltrations d’espions par le fond, alors que le pompage des eaux est interrompu depuis un mois et que les fosses sont partiel­lement noyées.

En 1916, les cuvelages de tous les puits -sauf les 2, 5 et 5 bis, toujours aux mains des alliés -sont dynamités ; plus aucun chevalement n’est debout, les installa­tions sont saccagées. Le paysage n’est que ruines et désolation, traversé de part en part de tranchées, de trous d’obus et de barbelés…

En 1917, l’attaque des britanniques sur Vimy libère les fosses 1, 3 et 6 ; il faudra attendra 1918 et la fin de la Grande Guerre pour que les deux fosses d’Avion, les 4 et 7, soient à leur tour reprises. Une tâche énorme, héroïque même, va alors commencer : le sauvetage des puits dynamités par les allemands. Ces derniers avaient oeuvré de telle sorte que, en détruisant les cuvelages au niveau de la nappe phréatique, vers -100 mètres, la destruction des fosses pouvait paraître comme irrémédiable. Mais les compagnies minières relèvent le défi ; en premier lieu, après déblaiements, des injections de ciment sont effectuées à partir du jour sur le pourtour des puits, ce qui permet de réduire les venues d’eau.

La deuxième phase consiste à installer des pompes suspendues, qui opèrent dès 1919 ; des chevalets en bois sont édifiés au-dessus de chaque puits, pour les pompes où la circulation du personnel charge des réparations. En 1922, la fosse 3 recommence à sortir du charbon, suivie peu après par d’autres fosses. La fosse 7 entre en production en 1924 : les puits N” 7 et 7bis étaient en début de fonçage en 1914, les dégâts n’étaient donc pas trop importants. Le forage des deux puits, de 6 mètres de diamètre, est donc repris dès 1920 et s’achève en 1923 à -876 m pour le 7 et -785 m pour le 7 bis ; après équipement du carreau, l’extraction commence à l’étage 538.

Entre 1924 et 1927, la firme Schneider livre des chevalements, hauts de près de 50 mètres, et les monte aux puits Ibis, 3 bis et 4 ; à ces grands mécanos de métal, il faut des machines d’extraction puissantes : des machines à tambours, couplées à deux moteurs CEM de 800 CV -ce qui leur donne une puissance totale de 1600 chevaux sont installées dans de vastes bâtiments, où sont aussi regroupés les compresseurs.

Sur les puits de service et d’aérage, tels les 1, 3, 4bis et 5bis, sont dressés, de 1929 à 1931, des chevalets plus petits, de 20 mètres à peine ; la circulation des cages y est assurée par une machine à bobines de 430 chevaux. Les autres fosses sont équipées de chevalets en poutrelles à treillis. Le chemin de fer des mines, rétabli depuis 1920, permet l’évacuation des charbons vers les différentes usines de la société houillère :

* Un lavoir, construit à Liévin en 1928 ; dans l’énorme bâtiment sont traités, à raison de 170 tonnes par heure, les 0/50 ; les charbons de granulométrie supérieure sont triés dans les criblages -lavoirs des fosses.

* Une cokerie, attenante au lavoir ; les batteries 1, 2 et 3 sont mises à feu entre 1929 et 1930 ; la capacité de production est de 600 t/j de coke

* Enfin une centrale électrique; placée à cheval sur les communes d’Avion et d’Eleu, elle remplace l’ancienne centrale détruite pendant la guerre. La puissance est de 23 Mégawatts (turbines type “base pression”).

En 1929, la société houillère de Liévin a retrouvé tout son potentiel de produc­tion d’avant guerre, soit un peu moins de 2 millions de tonnes. L’extraction atteint le chiffre record de 35 millions de tonnes un an plus tard pour l’ensemble du bassin ; mais la crise économique, venant des USA, frappe l’Europe de plein fouet : à Liévin comme ailleurs, on est obligé de réduire la production, et les jours chômés ne se comptent plus. La venue du Front Populaire au pouvoir, en 1936, et son cortège de manifestations, d’occupations de carreaux… provoque l’enthousiasme des mineurs, qui voient dans les premiers congés payés les prémices d’un avenir meilleur. Mais l’occupation du pays par les troupes nazies va encore une fois cruellement marquer le peuple des mines. Après l’invasion de la France par les allemands en mai 1940, le bassin minier du Nord ne s’installe pas dans la résignation : pour preuve, la grève des mineurs, commencée le 27 mai 1941 au 7 de Bourges à Montigny, s’étend à tout le bassin et atteint Liévin le 2 juin ; la répression est brutale, féroce : 150 mineurs de la fosse 4 sont déportés, les délégués mineurs envoyés en prison… Les actions de sabotage se multiplient, freinant la production. Mais voilà qu’arrivé la Libération…

La première place pour notre groupe

Les bombardements alliés de la fin de guerre ont sérieusement endommagé les installations minières, trop proches de voies ferrées et du dépôt d’Avion : le siège 4 ne peut plus extraire de charbon, suite aux bombardements du 10 mars et du 4 août 1944 qui ont complètement détruit le criblage lavoir et une partie du clichage du 4bis. Plus dramatique, la destruction de dizaines de corons dans les cités de Méricourt, du 4… a tué des familles entières.

L’ordonnance du 13 décembre 1944 créé les HBNPC, en lieu et place des anciennes compagnies minières ; la nationalisation fait disparaître la Société houillère de Liévin au profit du groupe de Liévin.

C’est dans l’enthousiasme que les mineurs entreprennent en 1945 la célèbre “bataille du charbon” ; le rendement, tombé au plus bas lors de la libération, remonte de façon spectaculaire : des thermomètres de production installés aux recettes du jour, des prix (le plus souvent des bicyclettes) récompensant les meilleurs chantiers… tout cela incite les mineurs à toujours travailler davantage, et ceci au détriment de leur santé. Ces gueules noires feront parti de la “génération perdue” : peu d’entre eux pourront profiter pleinement de leur retraite… la silicose en étant la grande responsable.

Dans les chantiers du fond, la modernisaton commence : les tracteurs diesels, les berlines standardisées de 1000 litres, les haveuses Longwall, les soutènements métalliques font leur apparition. Mais c’est en surface que va commencer une transformation radicale.

En 1948, le groupe de Liévin se présentait ainsi :

Production

sièges :

1/6-      1900 tonnes/nettes par jour

3 –        1100 tonnes/nettes par jour

4/7-      1600 tonnes/nettes par jour

5 –        800 tonnes/nettes par jour

Moyenne mensuelle : 130.000 tonnes

Rendement moyen : 950 kg

Effectifs ouvriers : 10.853 ouvriers au total dont 6.862 mineurs de fond

Les réserves totales du groupe, classées en charbons gras et flénus-gras, sont estimées à 210 millions de tonnes. Compte tenu de ces résultats, la direction des HBNPC décide de donner le feu vert aux grands projets de concentration alors en cours d’élaboration.

Siège N° 6 à Angres

Constitué de deux puits de 5,5 m de diamètre dont un seul -le N° 6- a été rééquipé à l’extraction en 1932, le siège est particulièrement bien placé, à proximité du lavoir central de Liévin, pour concentrer toute la production des sièges 1 et 5. Si le projet ambitieux de modernisation du 6 élaboré en 1947 n’est pas tout à fait respecté (l’installation de skips et berlines de 3000 litres est abandonné), la fosse change radicalement de physionomie à partir de 1955, avec la mise en place sur le 6 bis d’un grand chevalement fabriqué par Schneider, d’une hauteur de 59 mètres et avec des molettes de 7,5 mètres de diamètre. Une machine d’extraction koepe monocâble de 4250 ch, des cages de 3 étages (4 berlines de 1000 litres par étage) et une recette toute neuve complètent l’installation. Le 1er janvier 1956, le siège 6 modernisé prend le relais des sièges 1 et 5, qui ne sont plus utilisés que pour le service (personnel et matériel) et l’aérage. En 1958, les puits 6 et 6 bis sortent quotidiennement 5000 tonnes brutes (soit 3700 t nettes), évacuées par une bande transporteuse de 1500 mètres de long vers le lavoir de Liévin. Les étages de concentration sont à -630 et -740 mètres.

Siège N° 7 à Avion Lors de la nationalisation, le puits N° 7 n’était pas dans un état particulièrement reluisant : le guidage, en bois de chêne, était tellement dégradé que le puits fut fermé à l’extraction en 1949. Comme la durée des travaux de réparation et de modernisation devait être d’au moins 5 ans, il fut décidé de remettre en état les installations bombardées du 4 d’Avion de manière à ce qu’elles sortent 2000 tonnes par jour (avec le 7bis en complément d’extraction). Le puits N° 7 fut rééquipé de câbles-guides à la place du guidage, mais surtout commença à partir de janvier 1954 le montage du nouveau chevalet, frère jumeau du 6 bis ; une machine koepe Alsthom de 4250 chevaux remplaça l’ancienne machine tambour CEM.

Le 7bis reçut lui aussi un nouveau chevalement, plus petit (44 mètres), car les molettes étaient placées sur le même plateau. La machine, d’une puissance de 2800 chevaux, fut livrée par Schneider.

Un lavoir traitant les 20/150, une mise à terril conique installée par Venot, deux ventilateurs Berry de 650 chevaux (pour le 7bis) complètent l’installation. Le 1er janvier 1955, le siège 7 prend le relais du 4 ; ce sont désormais 3500 tonnes par jour qui remontent par les puits 7 et 7 bis.

Parallèlement à la modernisation de ces deux sièges sont menés des travaux complémentaires :

Puits N° 8 à Avion

Ce puits est le “petit dernier” foncé sur l’ancienne concession de Liévin. Le fonçage du puits 8 (par cimentation), situé à l’est du 7 et destiné à améliorer l’aérage des chantiers de ce dernier, commence en mai 1948 et s’achève 4 ans plus tard à la profondeur de 910 mètres. Le petit chevalet de fonçage en bois est alors remplacé par un chevalement métallique de récupération. Ce puits n’assurera jamais d’autre service que l’entrée d’air pour le siège 7.

Lavoir central de Liévin

Les modernisations successives du lavoir lui ont permis de porter ses capacités de lavage à 600 tonnes brutes par heure, soit 12000 à 13000 tonnes par jour. En 1958, le lavoir de Liévin traite les charbons venant des sièges 3, 6 et 7 Liévin et des sièges 3 et 9 de Lens.

La concentration des usines de valorisation sur des sites plus modernes entraîne la fermeture de la centrale électrique en 1951, suivie en 1958 par la cokerie. Les groupes de Lens et de Liévin fusionnent -fort logiquement- en 1953, pour former le groupe de Lens-Liévin, l’un des deux premiers du bassin (avec Hénin-Liétard). Face à tous ces chiffres, à tous ces résultats ô combien magnifiques, il reste la souffrance du mineur… le 10 mars 1957, dix d’entre eux meurent dans un coup de grisou au siège N° 3, à -680 mètres. Mais à cette souffrance physique va bientôt s’ajouter une souffrance morale.

Chronique d’une mort annoncée

Le 1er juillet 1961, le siège N° 3 à Eleu stoppe sa production ; désormais, tous les produits extraits sont transférés par l’intermédiaire du bure 93 vers le siège 7 et remontés par les puits 7 et 7bis… La production du groupe de Lens-Liévin est alors assurée par quatre sièges neufs ou totalement modernisés, d’une capacité totale de 4,5

millions de tonnes par an. Mais, depuis 1960, du fait de l’aggravation des résultats financiers et de la diminution des débouchés, les HBNPC sont entrées dans une période de déclin. La grève de 1963 reflète le désarroi et l’inquiétude des mineurs et de toute la population minière. Malgré tout, les gueules noires de Liévin peuvent encore croire en l’avenir de leurs fosses : les réserves reconnues atteignent respectivement 38, 165 millions de tonnes dans le champ du 6 et 48,300 millions de tonnes dans celui du 7 (chiffres de 1965), soit au bas mot quarante années d’activité assurée.

Au 7 d’Avion, le 2 février 1965, vers une heure du matin, dans un quartier de la veine Marthe a lieu un coup de grisou. A l’aube, ces centaines de femmes, d’enfants, de parents se pressent aux grilles de la fosse : 21 corps sans vie sont remontés du fond.

Le puits N° 1, inutilisé depuis quelques années, est remblayé entre le mois de décembre 1965 et le 5 janvier 1966.

En 1967, les deux sièges de Liévin sont à un tournant de leur histoire :

d’une part, le 6 d’Angres, qui sort encore 2200 tonnes nettes par jour et qui

emploie 1700 mineurs, se voit refusé le raval du 6bis à -910 mètres (nouvel étage de

concentration) et ce malgré des études très poussées menées depuis  1965 et un

commencement de travaux. Le siège ne peut compter que sur les ressources de l’étage

-740, qui seront épuisées d’ici cinq ans.

le 7 d’Avion connaît un sort différent : si le lavoir de la fosse est fermé depuis

juin 1966, la mise en service du nouvel étage -855 un an plus tard augure d’un avenir

un peu plus brillant. C’est à partir de 1967 que débutent les études relatives à la

liaison 7 Liévin/19 Lens ; le 7 extrait alors quotidiennement 2800 tonnes nettes et

emploie 2000 mineurs.

En 1969, le champ du 3bis à Eleu, rattaché au 7, est définitivement arrêté. Le remplayage des puits 3bis et 3 ter a lieu en 1970 ; la même année, les molettes du 5 cessent de tourner : les mineurs ne descendront plus jamais dans ce puits, dont le remblayage commence en mars 1971 (démantèlement des installations de surface en 1973). Ces fermetures sont le prélude à l’arrêt total du siège N° 6, le 30 juin 1971. Désormais, seuls restent en activité les puits N° 7 et 7bis à Avion; les puits Ibis et 1 ter, après l’arrêt du 6, sont rattachés au 3 de Lens et servent uniquement à l’aérage ; il en est de même pour le 4, où ne fonctionnent plus que les ventilateurs et les compresseurs (les lavabos restent ouverts, mais ils ne sont utilisés que par des mineurs venant du 7 par car).

Si le chevalement du 3bis a été abattu le 19 janvier 1971, celui du 6 bis connaît un sort plus enviable : il est en effet, soigneusement démonté fin 1971 et remonté au puits N° 15 de la concentration des gras de Courrières à Méricourt. La machine d’extraction suit un chemin semblable en novembre de la même année.

Du côté du 7 d’Avion, les travaux de liaison fond avec le 19 de Lens sont menés tambour battant : deux descenderies au rocher équipées de convoyeurs à bandes (capacité en pointe : 1200 tonnes brutes par heure) sont creusées de l’étage -710 (19 de Lens) à l’étage – 990 (7 de Liévin) ; le creusement commence en mars 1970 et les bowettes entrent en service dès mai 1973. Le puits N° 7, ravalé pendant cette période, atteint la profondeur de 1104, 70 mètres, ce qui en fait l’un des plus profonds du Nord-Pas de Calais (avec le 1 de la Clarence à -1186 mètres et le 6 de Bruay à -1153 mètres). Les dernières balles venant de l’étage -855 sont remontées en janvier 1975 : désormais, toute la production du 7 est ramenée à la surface par le siège de concentration du 19 de Lens, dont la production peut ainsi se maintenir à plus de 6000 tonnes par jour.

Le 27 décembre 1974, dans la matinée, une explosion se produit au 3 de Lens, à Liévin, ravageant le quartier de 6 Sillon, en cours de préparation. 42 mineurs trouvent la mort ; c’est la plus grande catastrophe depuis la Libération. Le 31 décembre, sur la

place de l’Hôtel de Ville de Liévin, les funérailles rassemblent plusieurs milliers de personnes, venues apporter un dernier hommage aux disparus.

Le lavoir de Liévin, après cinquante ans de bons et loyaux services, ferme ses portes le 31 décembre 1977, les dernières années d’activité du lavoir auront été marquées par sa reconversion dans le retraitement des schistes des anciens terrils, permettant ainsi de récupérer 750.000 tonnes de combustibles. Ses records ont été atteints en 1961, 1962 et 1967 avec une production de plus de 3 millions de tonnes par an. Les effectifs du lavoir, qui atteignaient 297 personnes en 1965, ont été ramenés à 80 lors de la fermeture. L’activité du 7 va se maintenir pendant quelques années à un bon niveau ; plus de 1000 mineurs y “dévalent” quotidiennement. En avril 1980, 2 futures premiers ministres, Mrs Mauroy et Rocard descendent au 7 et visitent le fond. Mais, en 1983, la décision est prise de fermer la fosse; les derniers chantiers ouverts, dans les veines Marthe et Jeanne, sont situés à proximité des deux puits. Le secteur Est du 7 est abandonné depuis 1980 (remblayage du puits N° 8 entre mai et juillet 1981) ; fin 1983, c’est au tour du secteur ouest : les puits 6 et 6 bis, qui étaient utilisés comme puits d’aérage et de secours pour cette zone d’exploitation, sont remblayés au printemps 1984. En mai 1985, le 7 stoppe toutes ses activités ; le siège N° 19 de Lens agonise, avec deux tailles en activité dans veine B. Pendant quelques mois, du matériel trop encombrant pour être remonté par le 4 de Lens revoit le jour par le 7. Fin 1985, des travaux sont entrepris dans la colonne du 7 bis à -150 mètres : les HBNPC ayant décidé de récupérer le grisou contenu dans le champ d’exploitation, un serrement en béton est exécuté et des tuyaux posés de -150 m à la surface. Entre janvier et février, les cages des deux puits sont enlevées. Le remblayage commence en mars. Le 31 janvier 1986, le 19 de Lens stoppe son extraction. Une page est tournée.

3°) EPILOGUE

Suite à l’arrêt de la concentration des gras de Courrières, les 4 et 4bis d’Avion, qui ne servaient plus qu’à l’aérage, sont remblayés en juillet 1988.

Le démantèlement des installations s’accélère :

les chevalements des 7 et 7 bis sont abattus respectivement les 26/06/1987 et 10/07/1987. le chevalet du 4 tombe le 5 juillet 1989. A Angres, après deux jours d’efforts, les bulldozers parviennent à faire basculer le chevalement du 6, le 8 décembre 1989. Enfin, en janvier 1990, les bâtiments des anciens ateliers centraux, situés à côté du 1, sont démantelés. Ces bâtiments avaient été occupés après la fermeture des ateliers par l’entreprise SABES, spécialisée dans la fabrication de matériels miniers (convoyeurs, étançons…), et qui employait 250 personnes à Liévin.

Appendice 1

Tableau récapitulatif des puits foncés sur la concession de Liévin

PuitsNomFonçageOuvertureFermetureRemblayage
1 1858186019561966
1b 1871187419561979
1t 19001979
2Calonne1859186119141936
3Ste Pauline1872187519501963
3bOu1873188019611970
3tCayenne19041970
4 1890189419551988
4b 1891189519551988
5Ile du diable1899190419561971
5b 19001971
6Transwaal1901190819711984
6b 1902195619711984
7 1912192419751986
7b 1912192419751986
8 19481981

Note : les années indiquées ci-dessus concernant les colonnes “ouverture” et “fermeture” sont uniquement valables pour l’extraction.

Appendice 2

Tableau récapitulatif des puits foncés sur la concession de Liévin :

PuitsDiamètreCôte du clichageProfondeurProduction total
14m+46.13m669.80m24.989.000t
1b3.65+46.76m795.90m‘’
1t6+51.65m647.50m
24.16+64.79m612m?
33.65+47.83m701m23.015.000t
3b3.65+45.56m817.90m‘’
3t6+51.74m602.80m 
44+33.76m1094.76m17.567.000t
4b3.65+33.88m645.10m 
55.50+71.94m979.79m12.000.000t
5b5.50+70.23m815.30m 
65.50+67.59m832.50m48.973.000t
6b5.50+67.60m860.90m 
76+47.11m1104.70m40.782.000t
7b6+47.12m928.60m 
86+51.50m910.30m 

Note : la profondeur des puits doit être comprise ici comme profondeur totale (du clichage au bougniou). Les chiffres placés entre parenthèses doivent être considérés avec réserve.

De ce vaste ensemble industriel, il ne reste que deux témoins d’une ère prospère :

le chevalement du 1bis, dépouillé de sa recette (en juin 1984) et de tous les

bâtiments de l’ex fosse N° 1. Sa silhouette parait incongrue, placée au milieu de

centres commerciaux, de magasins, de bâtiments administratifs. Triste fin pour un

géant, épargné par les démolisseurs, et qui se serait trompé d’époque…

Plus réussie, car mieux intégré dans la verdure alentours, la reconversion du

terril plat de Pinchonvalles en parc naturel. Le terril de Pinchonvalles, le plus

important d’Europe par sa superficie (75 hectares) et sa longueur (1300 mètres), est né

en janvier 1944 avec l’épandage de terres venant des sièges 6 et 7.

A partir de 1955, lors de la mise en service du terril conique du siège 7, Pinchonvalles a réceptionné les schistes venant du lavoir de Liévin, par voie ferrée jusqu’en 1966, par bandes transporteuses ensuite. En décembre 1977, la cessation d’activité du lavoir entraîne l’arrêt de la mise à terril, qui atteint alors le volume de 37 millions de m3 de schistes. Aujourd’hui, le terril de Pinchonvalles est devenu le sanctuaire de plantes ayant disparu dans les plaines alentours, ainsi qu’un refuge pour nombres d’animaux qui y trouvent calme, chaleur et nourriture.

Appendice 3

La récupération du grisou : Méthamine

Le gisement exploité sur la concession de Liévin a toujours été considéré comme très grisouteux, la concentration atteignant parfois 100 m3 de gaz à la tonne de charbon extraite. On comprend mieux pourquoi des catastrophes ont si souvent endeuillé les cités minières de la concession. Dès 1949, les techniciens ont essayé de maîtriser le grisou en le captant au fond, dans les préparatoires où dans les vieux travaux. Les premiers essais (menés à la fosse 4/5 de Méricourt) ayant été concluants, il fut décidé d’équiper les fosses de Liévin de stations de dégazage, avec extracteurs et cheminées de dispersion dans l’atmosphère. Au 4 fut installé en 1950 la première station, suivi en 1954 du 7, puis du 1 en 1955, du 3, du 5 et du 6. Dans les années soixante, il fut même envisagé d’utiliser le grisou capté au 4 d’Avion pour actionner une turbine à gaz. Avant le remblayage des puits de Lens et de Liévin, la direction des houillères décidait de récupérer le grisou, en captant le méthane par les puits, solution plus économique et moins contraignante que les forages classiques.

Des techniciens et des abouts entreprirent des travaux sur les puits 5 de Lens à Avion et 7 bis de Liévin ; des serrements en béton armé furent exécutés vers -150 mètres dans les colonnes des puits ; deux tuyauteries de 300 m/m pasant au travers du serrement et débouchant à la surface furent installées.

Il faut signaler qu’en juin 1987, suite à une baisse de la pression atmosphérique, un échappement de grisou au jour eut lieu sur l’un des puits du 1 de Liévin ; quelques mois auparavant, à Noeux et au 7 de Wingles, le même phénomène était constaté.

En 1989, les houillères et Gaz de France ont signé une convention portant sur la création d’un Groupement d’Intérêt Economique appelé Méthamine. Les deux entreprises s’associent dans le but d’extraire, de traiter et de commercialiser le gaz de mine contenu dans les terrains houillers de Lens-Liévin. Le contrat, d’une durée de 12 ans renouvelable, porte sur l’extraction annuelle de 400 millions de KWH, soit l’équivalent de 40 millions de m3 de gaz naturel. Les réserves totales dans ce secteur s’élèvent à au moins 7 milliards de KWH. L’originalité de cette exploitation tient au fait que, pour la première fois en Europe, le grisou sera injecté directement, sans devoir subir un enrichissement, dans le réseau de gaz naturel de GDF.

Les stations Méthanine d’Avion, qui viennent d’entrer en service, sont entièrement automatisées. L’équipement des sites et les liaisons entre stations ont nécessité un investissement de 116 millions de francs.

Après avoir tué à de nombreuses 40.000 habitants de la région Lensoise.